vendredi 1 août 2014

Psy-cause (toujours !)

Je vis une révolution. Si si. Pas moins : j'ai rencontré une femme...
(choeur grec des lecteurs hétéros :) - QUOI ? ALLÉLUIA ! GLOIRE A ZEUS ! MAZELTOV !
(choeur grec des lecteurs homos :) - QUOI ? SALAUD ! TRAITRE A LA CAUSE ! ENC...
Non holà ! Holà ! Ce n'est pas ce que vous croyez !

J'ai rencontré une femme psychologue qui a changé vraiment le cours des choses et pour tout dire, qui m'a aussi fait un peu changer mon point de vue sur sa discipline... Du coup, avant de vous parler de Lili-les-bons-tuyaux, je suis obligé de vous refaire un peu mon parcours avec les pros du cerveau...

C'est pas un bon cliffhanger, ça ? C'est de la tension narrative où je ne m'y connais pas !

EPISODE 1 (avec plein de digressions dedans, comme d'hab.)

J'ai commencé à rencontrer ma première psy alors que j'étais encore en pédiatrie, mais assez tard, après avoir dépassé la vingtaine (alors que ma muco a été diagnostiquée à 14 ans pour ceux qui n'ont pas lu les épisodes précédents.). A l'époque, un moment de l'histoire où CRCM ne faisait pas encore parti de notre vocabulaire, comme beaucoup de malades je continuais en effet à être suivi par mon pédiatre hospitalier.

Donc, on peut s'imaginer aisément que lorsque la psy du service (appelons-la Madeleine, car elle avait au moins l'âge de s'appeler Clothilde, et je suis gentil)  sort d'une séance houleuse avec Kevin, 5 ans (charmant bambin qui refuse obstinément de dessiner un arbre sur la feuille parce gribouiller au marqueur indélébile la blouse blanche de la psy et sa paire de souliers en nubuck so chic de chez Mark&Spencer's, c'est plus rigolo car elle devient toute rouge et crie très très fort) et qu'elle voit débarquer un grand dadais d'environ 22 ans qui lui balance dans la tronche d'emblée " Ma vie c'est que de la merde, je suis malade, j'ai aucun avenir en plus je suis péday ! J'ai envie de mourir !", ça devient un tantinet un peu plus compliqué pour elle !

Parce qu'à priori, Kevin il a pas déjà échafaudé dans sa tête un plan pour se supprimer sans faire tache dans le salon familial (ou ailleurs). Kevin, il n'a pas prévu de prendre une chambre dans un hôtel miteux pour jouer à Claude François dans son bain histoire de disparaître rapidement et sans douleur. Or, moi, si. C'est même très clair dans ma tête sur les conditions d'exécution du plan. Quand. Pourquoi. Le stade de l'insupportable qui me fera dire adieu. J'ai déjà rédigé des lettres d'explication par avance à mes parents, à mon meilleur ami.

La responsabilité d'un fils unique vis à vis de ses parents qui ont déjà connu le drame de perdre un enfant auparavant, restait encore le seul obstacle à la chose...

Donc la première psy commence à marcher sur des oeufs et me demande de compléter un tableau avec deux colonnes pour lui indiquer ce que j'aime bien dans ma vie (la liste est courte) et ce qui m'empêche de dormir (la liste est longue). Fin de la première séance. Devoirs à compléter pour la séance suivante. Voilà.

Autant dire que cet exercice, au milieu de la salle de consultation encombrée de doudous qui font pouic-pouic quand on marche dessus et de toises pour enfants en forme de girafe d'1 mètre 20, ne m'a pas laissé de grands souvenirs. Et après deux séances du même topo, je n'ai pas repris de rendez-vous.

ELLIPSE. 5 ans plus "tare". Je traîne toujours un mal-être qui s'est encore amplifié. Je suis toujours seul, sur le plan sexuel, les expériences ne sont pas légion (les joies de la province au temps du minitel, ou presque). Sur le plan affectif, j'ai eu des histoires avec des petits copains mais quelque chose en moi n'aimait pas qu'on s'attache à la personne que j'étais. Aucune de ces relations n'a vraiment réussi à me sortir de mes ruminations morbides même si elles furent de belles récréations. Et que j'y ai gagné des amis qui le sont restés.

Petit à petit, ma situation se dégrade et avec ce qu'il faut bien appeler une dépression sévère.
Il y a de quoi : 2003, c'est un peu l'annus horribilis ( — C'est une position du Kamasutra ? Non, c'est du latin, connard !). Licenciement. Je deviens insulino-dépendant. Le retour chez mes parents, fin de la parenthèse parisienne, je suis trop fatigué, je n'ai plus d'appartement. Et plein d'autres joyeusetés médicales. L'avenir n'est plus. Je vis au jour le jour.

Je demande à re-consulter. Cette fois, je suis adressé à un service psy de l'hôpital. Je refuse de prendre les benzodiazépines qu'on me prescrit. En fait je n'ai envie de rien à part changer de vie d'un coup de baguette magique (je n'ai toujours pas totalement abandonné ce monde onirique où tout va bien pour moi, merci ! Quoi ? Maladie ? Connaît pas, je suis président de la République, d'abord !) ou bien, mettre un terme à tout ceci, avec le regret, malgré tout, d'abandonner ceux que j'aime, à commencer par mes parents et une poignée d'amis.

A cette époque, je dis à ma psy :
 Venir ici, c'est comme apporter un sac d'ordures que je vide, on observe les déchets ensemble. Et je repars avec le sac vide pour le remplir à nouveau.

Je ne peux pas dire que l'effet n'ait pas été bénéfique, cela m'a permis sans doute de lâcher un peu de pression. Il n'empêche que j'ai à nouveau laissé tomber ce suivi, parce que j'avais l'impression que personne ne pouvait grand chose pour ma pomme.

Sans doute faut-il voir là la raison qui a fait que j'ai refusé la première occasion d'être greffé. Il faut dire que la préparation à la greffe est quand même assez mal faite dans l'ensemble, car il semble que le personnel médical parte du principe que c'est gagné d'avance, et que vous sautez de joie à l'idée d'y passer. Erreur. Pas dans mon cas...

Au deuxième appel, je suis entouré de ma kiné et de mes parents. Il est plus compliqué de regarder tout ce monde dans les yeux pour dire qu'on n'a pas envie d'y aller. Et puis après tout, foutu pour foutu, dans l'état où j'étais, je ne donnais pas cher de ma peau sur la table d'opération.

RE-ELLIPSE. Cette fois je suis greffé. Après presque quatre semaines de coma au pays des kangourous, je me réveille péniblement. Du coup, j'ai le droit à être shooté d'office au Stablon, un régulateur de l'humeur plutôt qu'un anti-dépresseur.

Mais il fait merveille sur moi. Je retrouve le sourire. L'envie d'avancer. Et ma sortie de l'hôpital aidant, la forme revenant, je retrouve un appétit de vivre qui contrebalance un peu toutes les servitudes et les doutes quand à l'avenir, la détestation de mon corps charcutés, balafrés, amoindri. Après quelques mois, on arrête le Stablon, et la vie reprend le dessus.

Toutefois, dans mon histoire, comme les joies sont de courte durée, il nous faudra bien arriver à l'épisode 2 ;-)

COMING-NEXT : dans le prochaine épisode, le Toinou se retrouve à nouveau au fond du gouffre mais maintenant, il sait quoi prendre !

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