mercredi 13 juillet 2005

Résumé des événements, épisode 1

Alors tout à commencé le 1er mai... Quand j'y pense, c'est drôle : j'habite impasse du muguet, juste en bas de la "rue du 1er mai"...
Coincidence...

19h : Virginie, ma kiné, débarque à la maison pour une séance de désencombrement. A peine installés, le téléphone sonne. C'est l'hopital Pompidou : un greffon est disponible.

J'avais décliné une première occasion, mais là, je suis tellement mal en point que je n'ai que deux alternatives : refuser et crever à petit feu, ou accepter l'épreuve que je redoute tant.
- j'arrive !

Virginie descend prévenir mes parents qui sont dans le jardin. Ils reviennent un peu affolés...
Mon père prévient les ambulanciers, et la gendarmerie pour nous escorter jusqu'à l'autoroute... Pendant ce temps je prépare deux ou trois affaires : en théorie je n'ai besoin de rien pour la greffe, mais si une fois sur place tout était annulé, il faudrait bien avoir de quoi passer 24h.

Une demie-heure plus tard, ma mère et moi embarquons. Mon père nous rejoindra en voiture, le temps de fermer la maison...
Dans l'ambulance, je téléphone à tout mon petit monde. Et j'évoque avec ma mère la conduite à tenir si d'aventures l'opération se déroulait mal.
Ambiance lourde.

Je m'attendais à ce que l'ambulance roule à fond sur l'autoroute, mais non, on se tape un petit 130... Arrivés à Saint Arnoult, la gendamerie n'est pas là ! Coups de fils furibards. On s'était pourtant mis d'accord !
Les motards et la voiture nous retrouvent plus tard... C'est assez fun la traversée de Paris avec escorte !

Arrivés au Grand Hopital Enigmatique Parisien (GHEP), direction une chambre où l'on me prépare... Douche à la bétadine, rasage, etc. Puis l'attente : je ne descends au bloc que vers deux heures du matin. Mon père nous a rejoint et nous attendons le moment fatidique où il faudra se séparer...

- Toc toc ! On y va !
Bisous, adieux.
Bizarrement je suis assez calme. Arrivé au bloc, tout va assez vite. J'insiste pour qu'on me laisse pioncer le plus longtemps possible après. Je n'imagine pas à quel point je vais être exaucé !

- ca va ?
- ça va...
- je vous endors : détendez-vous...

Instant magique pour moi qui ai tant de mal à trouver le sommeil: je glisse dans les bras de Morphée en cinq secondes ! Zou !

Le noir.

Dix-sept heures d'opération plus tard, je suis de retour dans le service de réanimation, inconscient, perfusé de partout, des drains sur tout le corps, intubé et ventilé, deux immenses cicatrices en plus avec fils et agrafes...

On a frôlé la catastrophe. Très faible, avec des complications dues à mon état de délabrement avancé, je donne du souci aux soignants et à ceux qui attendent de mes nouvelles.

Pendant un mois, je ne verrai rien de ce qui se passe. Sous l'emprise des drogues, je me suis réveillé une fois et j'ai commencé à m'agiter, parait-il. Ni une ni deux : on m'a rendormi.

J'émerge aux alentours du 2 juin dans un monde curieux : j'ai à la fois conscience et j’interprète tout ce qui se passe autour en le plaçant dans un scénario de délire ! Mes rêves étaient déjantés, mon semi-réveil l'est encore plus ! Alors je résume parce que c'est assez gratiné :

Tout d'abord je m'imagine que j'ai été opéré à Paris pour les poumons, mais que pour le foie, il faut m'opérer en Australie... A Paris, une fois l’hôpital terminé, je suis laissé sur un trottoir en attendant l'ambulance. Dans le bâtiment d'à côté, on mène des expériences bizarres sur le psychisme des gens : ça ressemble beaucoup à certains épisodes un peu abscons de "Chapeau melon et bottes de cuir". Une équipe me trouve sur le trottoir et m'emmène dans ce centre à la con.

On me lâche dans des labyrinthes, des espèces de cellules d'isolement où l'on me teste. Angoissant.

Finalement, l'expérience cesse: ma famille vient me récupérer et me charge dans un avion.
Je me réveille sanglé sur un lit dans un coucou, et je jette un oeil autour: pas de doute, je suis pour une raison inconnu dans le hangar d'un aéroport en Afrique... Un pays en guerre car il y a des gros miliciens blackos qui surveillent. L'un deux me garde.

J'essaye de lui dire qu'il y a erreur, que je devrais être en Australie mais il ne comprend pas. J'essaye de lui dire qu'il faut que j'appelle de la famille, que je passe un coup de fil à mon ambassade. Rien. Je lui dit "laissez moi partir ! j'ai de l'argent !". Que dalle ! Les valeurs se perdent dans les républiques bananières !

Après c'est un peu flou, mais je me souviens que ma famille s'est mobilisée comme pour les otages en Irak. A l'occasion d'un voyage protocolaire, le président de la république touche deux mots à son homologue qui accepte de me faire libérer. Mes parents font des photos avec Chirac (!) et je suis chargé dans un gros porteur pour l'Australie...

Pourquoi l'Australie ? Parce que le seul foie disponible est là bas, mais qu'on accepte de me le greffer uniquement si l'une de mes tantes fait un don de cornée en échange. Ce qu'elle accepte ! Plus exactement, elle donne carrément un oeil.

Me voici donc au pays des kangourous... et là vous vous dites, la morphine : j'en veux ! :-)

(à suivre)

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